Pratiques vivantes, résilientes, nourricières
Les principes inhérents au jardin-forêt m’ont invité à privilégier certaines pratiques.



Vivantes
Par pratiques vivantes, j’entends des pratiques qui tendent à libérer les dynamiques sauvages existantes, et à s’appuyer sur elles pour faciliter l’implantation et l’entretien du jardin :
- commencer par observer les végétaux existants avant de détruire ;
- procéder par étapes pour offrir à la faune la possibilité de s’adapter (par exemple laisser sur place une journée ce qui a été fauché) ;
- privilégier les outils manuels comme le croissant forestier, la faux, la houe, le sécateur ou la scie pour limiter nos interventions et mieux voir et maîtriser ce que l’on fait ;
- profiter de la taille des arbres pour faire des tas de bois – habitats pour la faune et les champignons lignivores –, ou encore pour fabriquer une haie sèche ;
- conserver des zones de libre évolution ;
- l’été, la fauche différenciée permettra la constitution d’îlots où les plantes sauvages monteront à graines, où les insectes accompliront leur cycle de reproduction et où les oiseaux se nourriront ;
- insérer un point d’eau ouvert comme une mare, pour complexifier le milieu et accueillir de nouvelles espèces végétales et animales au jardin ;
- ne pas arracher les arbres spontanés s’ils peuvent faire de l’ombre, remonter l’eau et les nutriments du sol au bénéfice des jeunes sujets plantés, ou encore être greffés ;
- trogner certains arbres plutôt que de les supprimer, ils offriront du bois, de l’ombre et un refuge pour la faune ;
- ne pas hésiter à conserver une plante car on la trouve belle ici ou là.



Résilientes
Par pratiques résilientes, j’entends des pratiques qui visent l’autonomie du jardin en intrants, et à favoriser son épanouissement malgré les aléas climatiques ou environnementaux :
- diversifier ses cultures nourricières ;
- privilégier les variétés locales et anciennes ;
- semer des graines reproductibles ;
- reproduire ses semences et ses plantes ;
- créer ses portes-greffes et greffer ;
- ne rien brûler et ne rien exporter du jardin pour conserver sa biomasse : composter en bacs ou en tas, laisser sur place les résidus de culture, de fauchage ou de taille, ou les amonceler dans un coin du jardin ;
- privilégier les outils manuels et les savoir-faire qui rendent autonome plutôt que les machines à énergie thermique ou électrique ;
- pailler généreusement pour réduire les désherbages ;
- arroser au maximum avec l’eau de pluie collectée et économiser l’eau (micro-irrigation, paillage) ;
- fertiliser avec la ressource du jardin : plantes fixatrices d’azote, déchets de cuisine, effluents humains ;
- traiter avec des extraits fermentés de plantes qui poussent sur le jardin (orties, consoude, sauge, tanaisie, sureau, …).



Nourricières
Par pratiques nourricières, j’entends le fait qu’un jardin-forêt permet de se nourrir et d’être rapidement autonome en légumes, légumineuses, fruits, fruits à coq et verdures. Pour moi, l’objectif d’un jardin-forêt est aussi de dégager du surplus pour les humains et les animaux.
- constituer des guildes végétales : annuelles, comme la célèbre Milpa (courge, maïs, haricots grimpants), ou pérennes, comme l’association arbre, liane, arbuste, couvre-sol, guildes dans lesquelles les plantes sont en symbiose ;
- dans ces guildes, privilégier l’implantation d’au moins une plante fixatrice d’azote pour la fertilisation, mais aussi d’une aromatiques qui perturbera les insectes ravageurs et d’une alliacée à l’effet insectifuge ;
- cultiver en fonction de l’évolution de l’ensoleillement du jardin ;
- avoir des cultures diversifiées qui apportent à manger mais fournissent aussi d’autres services : se soigner, se chauffer, fabriquer du matériel d’art, se laver, faire sa lessive ou ses cosmétiques, fournir des piquets, manches et tuteurs, … ;
- avoir des plantes résistantes (topinambours, pommes de terre, ronces, prunelliers, chênes et châtaigniers pour la farine) et aussi des cultures qui subissent peu la prédation des insectes (nashis, kakis, kiwis, physalis, poire de terre) ;
- apprendre à récolter au bon moment, bien conserver, consommer ou transformer, et distribuer les surplus.
Et surtout prendre du plaisir au jardin, tout faire avec envie.

